Les futures Lamborghini seront « socialement acceptables »

Bientôt, on ne lèvera plus seulement le pouce au passage d'une supercar pour ses lignes ou ses performances, mais aussi pour sa vertu environnementale, prédit le patron de Lambo

Paul Horrell
Publié le : 11 avril 2022

Les Lamborghini, des voitures d’égoïste ? Pas selon le patron de la marque, Stephan Winkelmann. Pour lui, elles doivent être socialement acceptables. Ainsi, les prochains modèles n’attendront pas que la loi les y oblige pour s’électrifier.

« Nos clients savent dans quel monde on vit », explique Stephan Winkelmann à Top Gear. « Et ils ont toujours besoin qu’on lève le pouce sur leur passage. Le pire, c’est d’aimer sa voiture alors que personne d’autre ne l’aime. Ce que les non-acheteurs peuvent en penser est encore plus important que ce que les acheteurs en pensent. »

C’est pourquoi d’ici 2025, la gamme Lamborghini s’articulera autour de deux supercars hybrides rechargeables, du remplaçant 100 % électrique de l’Urus, et d’un quatrième modèle lui aussi 100 % électrique.

La marque se prépare donc au grand basculement. Les 600 exemplaires de la dernière des Aventador, l’Ultimae Edition, sont partis « en un clin d’œil, raconte-t-il. Ça nous a surpris, je dois dire. » Cette voiture marquait la fin de l’ère du V12 à l’ancienne, sans suralimentation ni électrification.

N’est-il pas risqué de changer la recette ? Comment faire pour que la clientèle historique suive ? L’héritière de l’Aventador sera une hybride rechargeable V12. « La première chose est de réussir l’hybridation, explique Winkelmann. Dès que les voitures seront prêtes, ce sera fait. D’autres ont déjà défriché cette niche et y ont récolté assez de commandes. Nos clients, eux, ont déjà digéré cette évolution à venir. La nouvelle génération n’accepte de nous parler que si nous nommes durables. Ils ont grandi avec l’électrification comme acquise. Les autres nous suivent parce qu’ils adorent la marque et nous font confiance pour faire ce qu’il y a à faire. »

Stephan Winkelmann

« Il va de soi qu’ils veulent tous en premier lieu que les nouvelles voitures soient plus performantes que les actuelles. Nous devons tenir cette promesse. » Non mais franchement… Je viens de garer une Aventador au pied de son bureau. Faut-il vraiment faire plus performant ? « La performance, répond-il, reste l’objectif. La performance sous toutes ses formes. Pas seulement l’accélération. Pour nous, l’hybridation sert les performances, mais nous réduirons aussi les émissions. »

Grâce à cette hybridation, Lamborghini compte bien conserver des moteurs thermiques dans ses supercars aussi longtemps que possible. « Aujourd’hui, une hypercar 100 % électrique n’est pas acceptée. On le sait d’après les chiffres de vente. Mais d’ici cinq, six ou dix ans, qui sait ? »

La durée de ce répit dépendra de l’évolution des normes, de la demande, et des progrès de la technologie en elle-même, annonce-t-il. Il relativise aussi l’émergence des carburants synthétiques, et le fait qu’on puisse les qualifier de zéro émission.

En revanche, « il ne fait aucun doute que le modèle n°4 sera 100 % électrique, tout comme le remplaçant de l’Urus. » Il juge que ce sont des voitures destinées à être utilisées au quotidien, qui sont polyvalentes et qui parcourent plus de kilomètres que les supercars.

Ce qui nous amène à la nature de ce quatrième modèle. « Nous avons défini ce qui manque à notre gamme, tout en faisant partie de notre héritage. Une GT de luxe. Elle devra mettre en avant une silhouette innovante. Nous pensons à plus de garde au sol. Nous avons déjà les premiers prototypes. »

Oooh, l’interromps-je. Un peu plus tôt dans la journée, j’ai passé vingt bonnes minutes à baver sur l’une de mes Lamborghini préférées dans le musée, l’Espada. Mais les ventes de GT ne sont-elles pas en baisse ? « C’est un segment restreint mais stable. Bentley y vend beaucoup de voitures. »

Je suggère que le design risque de devenir encore plus important à l’ère des voitures électriques : les performances et la conduite en général semblent en voie de standardisation, les moteurs peinent à se différencier. Il refuse toutefois de considérer que le design et le marketing vont préempter tout le reste.

« Je n’espère pas. Je pense que l’individualisation des plates-formes est l’un des éléments-clés sur lesquels nous devons travailler. Ces derniers temps, nous avons essayé beaucoup de voitures électriques les unes après les autres. On dit que quand on en a conduit une, on les a toutes conduites. Mais à mon avis, il y a beaucoup de différences. « Vous voulez dire qu’une Taycan n’est pas une Tesla ? » « Exactement. Et une Mercedes n’a rien à voir avec la Jaguar. Nous devons plancher là-dessus, il y a assez de place. »

Et donc l’émotion chez Lamborghini, qu’est-ce que c’est ? « L’accélération, l’accélération latérale, le comportement, le freinage, comment l’on s’inscrit dans un virage puis l’on en ressort. Nous excluons de recourir à un bruit artificiel mais nous réfléchissons à la bande-son, comment on peut développer cet aspect. »

Photo : Terzio Millenio, par Philipp Rupprecht

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